Ateliers


Phonologie & PFC


Histoire de la phonologie

Bernard Laks (MoDyCo, Université de Paris Ouest)

Depuis la fin du 19ème siècle et pendant toute la première moitié du 20ème siècle, la phonologie a joué un rôle pivot dans le développement des sciences du langage et a constitué le garant  de leur scientificité. La systématique structuraliste et générativiste en sont directement issues, le formalisme et l’algorithmique procédurale y trouvent leur racines. Depuis les lois néogrammairiennes et l’analyse des processus diachroniques jusqu’aux processus morphophonémiques du structuralisme américain et à l’universalisme du système logique des oppositions en phonologie praguoise, et jusqu’aux règles dérivationnelles de SPE, la phonologie se concentre sur l’analyse des processus et sur la forme des représentations auxquelles ces processus s’appliquent. De Baudouin de Courtenay et Saussure à Bloomfield, Troubetzkoy et Jakobson, et Chomsky et Halle, nous parcourrons l’histoire des hypothèses cognitives, formelles et procédurales qui ont été proposées pour rendre compte de la systématique des alternances phonétiques de surface. Nous interrogerons l’articulation etic/emic  qui, un siècle après sa formulation initiale,  continue d’organiser le débat contemporain sur le fondement de la phonologie et sa raison d’être.


  • PFC : variation et phonologie de corpus
  • Présentation générale du projet Phonologie du Français Contemporain (PFC) et de son protocole

Chantal Lyche (Université d’Oslo), Jacques Durand (Université de Toulouse Jean Jaurès)

Les deux cours proposés visent à rappeler quelques-uns des enjeux de la phonologie de corpus et de son application au français. Durant une très grande partie du vingtième siècle, la phonologie de nombreuses langues dont le français s’est cantonnée à la description d’une langue standard et à l’illustration de thèses sur les structures phonologiques à partir de données très parcellaires reflétant le plus souvent la norme ou les intuitions du linguiste. Nous montrons d’abord comment la sociolinguistique et l’émergence de la linguistique de corpus ont permis de remettre à plat un certain nombre de problèmes et de repenser le rapport entre stabilité et variation dans le domaine de la phonologie en particulier. Nous présentons alors le programme ‘Phonologie du français contemporain : usages, variétés et structure’ fondé par Jacques Durand, Bernard Laks et Chantal Lyche en 1999. Nous examinons les principes qui ont conduit au choix de Praat comme environnement de travail, guidé les conventions de transcription, d’annotation et de codage et le développement de divers outils d’extraction et d’analyse des données. Nous nous interrogerons alors sur les limites de la démarche classiquement adoptée dans PFC et sur les nouvelles perspectives qu’offre la linguistique computationnelle actuelle.


Liaison


Histoire de la Liaison

Bernard Laks (MoDyCo, Université de Paris Ouest)

La liaison, enchainée ou non, occupe une place centrale dans la phonologie du français du double point de vue des processus en jeux et des modèles et analyses proposés pour en rendre compte. Ce cours suivra cette double piste. On s’attachera à montrer comment et pourquoi la liaison se met progressivement en place dans l’histoire de la langue comme résultats de plusieurs dynamiques contradictoires (chutes des consonnes finales, régularisations morphologiques, enchainement généralisé et pression normative des représentations écrites. Nous aborderons ensuite l’histoire des traitements qui en ont été proposés au cours de l’histoire soit, par alternance supplétive de formes différentes, soit par consonnes latentes, soit par épenthèse lexicalement réglée.   Nous terminerons par une mise en place du débat contemporain autour des propositions récentes de traitement.


Liaison : résultats PFC

Marie-Hélène Côté (Université Laval)

La liaison en français occupe depuis des décennies une place privilégiée dans le paysage de la linguistique. Sa fréquence dans le discours, sa complexité et ses caratéristiques uniques en ont fait un thème incontournable de toute description du français et un classique de la théorie phonologique depuis plus d’un demi-siècle. Ce cours a pour objectif de montrer en quoi le corpus PFC permet d’enrichir considérablement les débats sur la liaison, à la fois d’un point de vue empirique et théorique. Nous passerons en revue les résultats les plus significatifs des données PFC et quelques unes des implications de ces résultats pour l’analyse de la liaison. Nous considérerons les consonnes de liaison (leur fréquence, leur distribution, leur statut) et les contextes de liaison (décrits en termes syntaxiques, prosodiques ou lexicaux).


L’acquisition de la liaison en français langue étrangère : illustration à travers le projet « Interphonologie du français contemporain » (IPFC)

Isabelle Racine (Université de Genève), Sylvain Detey (Université Waseda)

Dans cet atelier, nous présenterons le projet « Interphonologie du français contemporain » (IPFC), qui constitue le volet non-natif du programme PFC. L’objectif d’IPFC est de constituer une importante base de données de français oral produit par des apprenants de différentes L1 avec le même protocole de recueil de données. Nous illustrerons la méthodologie et les outils choisis pour traiter les données dans ce projet à travers la question de la liaison, passage obligé de l’enseignement de l’oral en français L2. Après avoir passé en revue les enjeux liés à l’acquisition de la liaison par des apprenants ainsi que le matériel pédagogique existant, nous verrons – en nous basant sur des données de liaison produites par différentes populations d’apprenants – ce que peut apporter un corpus de données tel que celui d’IPFC à l’étude de ce phénomène.


Schwa


Schwa : résultats PFC

Julien Eychenne (Université Hankuk)

Cet atelier se propose d’offrir un panorama des propriétés du schwa en français. Nous commencerons par discuter les propriétés du schwa phonétique (i.e. la voyelle centrale [ə] de l’API), en décrivant ses propriétés articulatoires et acoustiques ainsi que ses propriétés distributionnelles dans les langues du monde. Nous nous concentrerons ensuite sur le schwa français à proprement parler, en présentant d’abord sa genèse (effondrement des oppositions latines, labialisation de [ə], etc.) pour aboutir à la situation actuelle en français de référence. Nous offrirons ensuite une présentation critique des principales analyses du schwa français : les principales questions que nous aborderons seront celles de la représentation phonologique du schwa, les processus phonologiques dans lesquels il est impliqué, la question de l’unité supradialectale et de la variation. Ces questions théoriques seront envisagées à la lumière des résultats récents obtenus en phonologie de corpus, notamment au sein du programme PFC.


Schwa : acquisition

Helene N. Andreassen (UiT Université arctique de Norvège) 

L’acquisition L1 de la variation phonologique, thème de recherche relativement nouveau, serait influencée aussi bien par des facteurs intra-grammaticaux, tels que la phonotactique émergente, que par des facteurs extra-grammaticaux, tels que la fréquence de variantes dans l’input. L’acquisition L2, de son côté, serait influencée par la grammaire L1 (et celle d’autres langues non-natives), la graphie et le taux d’exposition au français.

Les données acquisitionnistes apporteraient un soutien empirique dans le débat sur l’importance relative des différents facteurs, ainsi que dans l’analyse théorique du phénomène, et grâce à de nouvelles technologies, un examen méthodologiquement judicieux de cette partie intégrante de l’acquisition est aujourd’hui réalisable.

Si l’acquisition de la liaison a déjà été étudiée sous une multitude d’angles, l’acquisition du schwa constitue toujours un terrain plus ou moins inexploré. Dans ce cours, nous aborderons les principales questions théoriques et méthodologiques qui se posent dans l’étude acquisitionniste du phénomène. Nous les discuterons à la lumière de deux corpus en particulier ; le corpus français suisse L1 d’Andreassen (2013) et le corpus français L2 (Tromsø et Oslo, Norvège) d’Andreassen et Lyche (2014-2015).


Schwa : travaux dirigés sur des textes à lire

Marie-Hélène Côté (Université Laval)

La littérature sur la distribution et l’analyse du schwa français comprend un large éventail de généralisations empiriques et de propositions théoriques. Ce cours interactif reprendra quelques unes de ces généralisations ou propositions dans des textes sélectionnés et offrira des activités visant à les mettre à l’épreuve des faits, notamment sur la base du corpus PFC.


Variation


Variation géographique

Marie-Hélène Côté (Université Laval)

Alors que la variation géographique a été relativement négligée dans le traitement traditionnel du français, le corpus PFC lui accorde une place centrale. Ce cours présentera certains aspects de la variation géographique, notamment dans le système phonique, sur la base de données du corpus PFC. Seront abordées à la fois la variation à grande échelle entre différentes zones du monde francophone (France septentrionale, France méridonale, Suisse, Belgique, Afrique, Amérique du nord, etc.), la variation à plus petite échelle à l’intérieur de ces zones et l’interaction entre variation géographique et générationelle (phénomènes de nivellement intra- et inter-zones). Le cas du Québec, qui compte plus d’une dizaine d’enquêtes PFC, sera étudié plus en détail.


Traitement de données : transcriptions, codages & outils

Julien Eychenne (Université Hankuk), Isabelle Racine (Université de Genève)

Dans cet atelier, nous examinerons la méthodologie et les outils choisis pour traiter les données dans le programme PFC. Nous aborderons en premier lieu la question de la transcription orthographique de données orales, qui implique certains choix (logiciel de transcription, conventions de transcription, etc.). Nous nous intéresserons ensuite au traitement de certains phénomènes spécifiques, centraux dans PFC, tels que le schwa et la liaison, par le biais d’un système de codage. Nous présenterons les différents champs des codes élaborés pour traiter ces phénomènes ainsi que l’outil DOLMEN permettant de décoder et d’analyser ces données.